Cet article à mi-chemin entre histoire, spéléologie et tourisme est une reprise du site internet de Jean Louis Fantoli.
La grotte de Mandrin se situe non loin du village de Novalaise et du lac d’Aiguebelette.
Comme son appellation l’indique, la grotte de Mandrin demeure très réputée dans cette contrée du Bugey Savoyard. Compte tenu du prestige de l’illustre contrebandier qui sévissait activement dans la région en cette seconde moitié du XVIII siècle, on prête à cette fameuse caverne purement pour sa position topographique, d’avoir été le repère du brigand, que les gens du Bugey, du Dauphiné et même de la Savoie, regardent comme un héros mythique. La proximité du château de Rochefort, tristement célèbre pour l’arrestation en cette place par les troupes française en 1756 du fugitif, ennemi juré des Fermiers Généraux propres instigateurs sous le règne de Louis XV de lourdes taxations, n’est pas au fond sans équivoque. Toujours est-il que ce château dominant le village de Rochefort, assis noblement sur un mamelon au pied de la falaise de Montbel, montre toujours pour le plaisir du touriste et des historiens, sa corpulente habitation datant du XV, anciennement protégée par des douves et flanquée latéralement de deux beaux pavillons carrés.
Juste en arrière, à l’est, bâille des abrupts de la Cra, un énorme abri-sous-roche, au-dessus duquel s’élève au point sommital de la chaîne les décombres de la forteresse féodale de Montbel. Principal manoir de la puissante famille de Montbel qui fut bâti au XI siècle puis détruit au temps des guerres d’Henri IV contre les princes de Savoie vers la fin du XVI siècle – au cours duquel s’illustra le commandant de l’armée française le duc de Lesdiguières – ce château était chargé de surveiller les passages du col de la Crusille plus au nord et de celui du Banchet plus au sud. Il ne subsiste aujourd’hui de sa position inexpugnable que les vestiges ruinés d’une tour carrée, dressée au-dessus du tertre rocheux d’où de l’aile ouest, s’ouvrait une vaste citerne aux parois circulaires entourée des pans de murailles de pierres et de béton de chaux formant la grande habitation seigneuriale.
Comme on peut le constater, la grotte de Vérel de Montbel occupe une place de choix dans les intrigues de l’histoire. Si telle fut l’une des vocations romanesques de la grotte de Dullin, la caverne par contre présente une disposition de terrain procurant un poste de surveillance très bien placé sous les belles falaises du Kimméridgien qui composent la structure du massif calcaire. Ouverte sur un promontoire et sous le refuge de vastes surplombs desservis de larges vires ceinturant au couchant une bonne partie de la chaîne montagneuse de Dullin, l’entrée de la grotte, assez spacieuse pour héberger le va-et-vient de quelques errants.
Pour le reste, cette intéressante caverne, dont le spéléologue se fait toujours la joie de visiter, fait aujourd’hui l’agrément de nombreux néophytes qui viennent s’affronter aux passagères difficultés du réseau souterrain où, dès l’entrée, sont conservés encore de nos jours de sommaires aménagements que les nécessités de la curiosité du début de ce siècle firent aménager. Mais la grotte toujours inapprivoisée au-delà de ces pieux couloirs, offre une configuration peu banale ; celle figurée par une haute galerie occupée par de profonds bassins maintenus en eau en leurs limites à l’aval par de hauts barrages stalagmitiques et que l’on parcoure suivant le niveau du plan d’eau, aussi bien par la technique de l’opposition consistant à progresser acrobatiquement jambes écartées dans les hauteurs du conduit aux parois glissantes, que par celle, non moins glorieuse mais tout aussi efficace, qui permet de traverser à la nage sur une distance de près de 130 mètres les profonds biefs jalonnant l’itinéraire. Rien de plus étonnant que la grotte de Mandrin puisse faire le consentement du plus grand nombre.
Accès Interdit par arrêté municipal
De Novalaise emprunter la D36 qui conduit aux villages de Dullin et de Ayn. Dépasser ce dernier et prendre à droite en direction de Vérel de Montbel, le Banchet. Continuer jusqu’au col du Banchet où une aire de stationnement accueille les randonneurs tout à côté de l’oratoire de Notre Dame du Banchet, petite chapelle de rigueur occupant le point de partage des pentes par 590 mètres d’altitude. Plus bas vers le couchant et en descendant du col, en face d’une ancienne carrière servant aujourd’hui d’école d’escalade, subsistent en contrebas les vestiges d’une antique voie romaine. Un calvaire daté de 1896 marque le point de départ des excursions pour les crêtes, le belvédère du Grand Bec ainsi que pour les grottes de Mandrin et des Planchettes. Pour ces dernières, emprunter la piste forestière qui s’engage dans les bois et se dirige vers les falaises. Un peu plus loin, laisser à gauche s’égarer un vague sentier pour préférer descendre sur une grande clairière. Plus haut, sous une première avancée rocheuse composée des calcaires altérés du Portlandien, on rencontre au niveau d’une croisée de chemins le sentier pour le belvédère du Grand Bec et le passage des grottes, lequel, dégringolant dans la falaise équipée ici d’escaliers et de rambardes de bois, va caracoler à flanc de rocher – sous les vastes et magnifiques encorbellements des massifs récifaux du Kimméridgien supérieur, – par une large vire ensoleillée, occupée par les buis et les chênes.